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Politique


Emmanuel Macron nomme Sébastien Lecornu... une deuxième fois !


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 12 octobre 2025   0 commentaires   0 j'aime    108 vues



Macron reconduit Sébastien Lecornu : le pari d’un pouvoir acculé
Vendredi soir, au terme d’une semaine marquée par la confusion et l’attente, Emmanuel Macron a finalement tranché. Contre toute attente, il a décidé de reconduire Sébastien Lecornu à Matignon. La nouvelle est tombée peu avant vingt-deux heures, après une journée de tractations discrètes à l’Élysée. Dans les couloirs du pouvoir, un mot revenait, presque fataliste : « continuité ».
Cette re-nomination, qui intervient quelques jours seulement après la démission du Premier ministre, est à la fois un geste d’autorité et un aveu de faiblesse. Elle consacre un choix paradoxal : celui d’un président qui refuse de céder à la pression politique, tout en révélant l’ampleur de son isolement.
Une décision à contre-courant
Le scénario semblait pourtant écrit. Après la démission express du premier gouvernement Lecornu, les regards se tournaient vers d’autres profils, plus « politiques », plus consensuels, capables d’arrondir les angles d’une majorité introuvable. Mais Emmanuel Macron, fidèle à sa logique verticale, a préféré la fidélité à la nouveauté.
Sébastien Lecornu, quarante ans à peine, ancien ministre des Armées, demeure un homme de confiance. Pragmatique, loyal, discret, il n’a jamais contesté une ligne présidentielle pourtant chahutée. Pour Macron, le choix est clair : mieux vaut s’appuyer sur un serviteur sûr que sur un allié incertain. Le président joue la carte de la cohérence, voire du défi. Il veut montrer qu’il tient la barre, envers et contre tout.
Un contexte explosif
La France traverse une zone de turbulences institutionnelles sans précédent depuis la cohabitation manquée du début des années 1990. L’Assemblée est fragmentée, la majorité relative n’en est plus une, et les oppositions – de gauche comme de droite – se sont unies dans leur rejet d’un exécutif jugé sourd et autoritaire.
Le premier gouvernement Lecornu, né dans la précipitation, n’a pas résisté vingt-quatre heures. Les Républicains, que Macron espérait rallier, ont claqué la porte. Les centristes ont hésité, puis reculé. À gauche, les socialistes ont posé leurs conditions, tandis que la France insoumise et le Rassemblement national ont promis de « bloquer chaque texte ». C’est dans cette impasse qu’est née la décision la plus déroutante du quinquennat : faire revenir celui qui venait de tomber.
Lecornu, un Premier ministre à réinventer
Le principal intéressé, que beaucoup disaient abattu, a surpris son monde. Dès sa reconduction annoncée, Sébastien Lecornu a déclaré « accepter cette mission par devoir ». Derrière cette formule prudente se cache une ligne de conduite : regagner un peu d’air politique, réaffirmer l’autorité de Matignon, tout en s’efforçant de bâtir des passerelles fragiles vers le Parlement.
Autour de lui, la tâche s’annonce herculéenne. Il doit former un gouvernement sans les Républicains, sans la gauche, sans l’extrême centre fatigué du macronisme. Ses proches parlent d’une « coalition par morceaux », une majorité de circonstance où chaque vote devra être négocié, parfois à l’unité près. Ce n’est plus un mandat politique, c’est une survie.
L’Élysée en position défensive
À l’Élysée, on ne cache plus l’inquiétude. Certains conseillers ont plaidé pour un autre profil, un nom moins marqué, plus apte à retisser le lien avec les territoires ou à rassurer les syndicats. Mais Emmanuel Macron, fidèle à son instinct, a préféré le geste d’autorité à la concession.
Ce choix a une portée symbolique. Il dit tout d’un pouvoir qui refuse de reconnaître sa défaite politique. Macron entend prouver qu’il peut gouverner sans majorité stable, sans relais partisans solides, uniquement par la cohérence du cap et la maîtrise de l’appareil d’État. C’est la vision d’un président jupitérien dans un pays parlementaire.
Des oppositions prêtes à dégainer
Les réactions n’ont pas tardé. À gauche, on parle d’un « affront » et d’un « déni démocratique ». À droite, d’un « entêtement suicidaire ». Marine Le Pen a dénoncé un « geste d’arrogance d’un président coupé du réel ». Les socialistes exigent déjà des gages : suspension de la réforme des retraites, révision du budget, plan d’urgence pour les services publics. Quant à la France insoumise, elle prépare une motion de censure, persuadée que l’Assemblée ne pourra pas tenir longtemps sous ce régime de crispation.
Même au sein de la majorité présidentielle, la surprise a été totale. Certains députés reconnaissent en privé qu’ils ne savent plus quel discours tenir sur le terrain. D’autres, plus loyaux, veulent croire à un « coup d’éclat stratégique ». Mais l’usure est palpable.
Le piège du calendrier
Derrière les symboles se cache une réalité beaucoup plus prosaïque : l’urgence budgétaire. Le gouvernement doit présenter le projet de loi de finances avant la fin du mois, sous peine de blocage institutionnel. Lecornu ne dispose donc d’aucun répit. Il lui faut à la fois former une équipe, négocier des soutiens, et trouver une issue à la crise parlementaire.
Les marges sont étroites. Tout retard, tout faux pas, pourrait rallumer la colère sociale. Déjà, les syndicats annoncent des mobilisations. Dans les sondages, la confiance envers l’exécutif chute à vue d’œil. Une France fatiguée observe ce ballet politique avec lassitude, convaincue que rien ne changera vraiment.
Un pari personnel
Pour Sébastien Lecornu, l’enjeu dépasse la simple reconduction. Il s’agit de prouver qu’il n’est pas qu’un exécutant, mais un chef de gouvernement capable de composer, d’arbitrer, et peut-être de durer. C’est un test de stature. Ses soutiens le décrivent comme calme, organisé, méthodique, prêt à jouer l’apaisement. Ses détracteurs voient en lui un homme sans base politique, condamné à l’obéissance.
Dans les prochains jours, il devra trancher sur les portefeuilles clés, choisir entre continuité et ouverture, décider s’il assume la ligne présidentielle ou s’il tente d’inventer un nouveau souffle. Chaque nomination sera scrutée, chaque mot interprété.
L’épuisement démocratique
Au fond, cette re-nomination dit beaucoup plus que la simple reconduction d’un Premier ministre. Elle révèle une démocratie à bout de souffle, un exécutif isolé, un Parlement fragmenté, et un pays qui ne croit plus au langage politique. En ramenant Lecornu à Matignon, Emmanuel Macron prolonge le cycle d’un pouvoir sans coalition, sans véritable horizon collectif.
Reste à savoir combien de temps cette mécanique tiendra. Les institutions françaises ont souvent résisté à la tempête, mais rarement avec si peu de souffle. Lecornu, en acceptant de revenir, entre dans l’histoire comme le Premier ministre de la dernière chance.
Une équation sans solution simple
À l’Élysée, on parle d’un pari audacieux. Dans les couloirs de l’Assemblée, on murmure qu’il s’agit d’un baroud d’honneur. Les observateurs, eux, y voient surtout une fuite en avant. Macron mise sur la loyauté et la continuité, mais la politique, elle, réclame du renouvellement, de l’écoute, de la matière humaine.
Rien ne dit que ce retour à Matignon suffira à calmer la crise. Mais une chose est sûre : la re-nomination de Sébastien Lecornu marque un tournant. Le quinquennat entre dans sa phase la plus incertaine, et la France, une fois de plus, retient son souffle.


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